Retour sur le Volontariat de Marine en Indonésie

Début 2023, j’ai eu la chance de partir en volontariat avec les Religieuses du Sacré-Cœur, pour vivre une expérience puissante qui m’a transformée et a ouvert mon cœur sur de nouvelles dimensions. De formation ingénieure, j’avais décidé de prendre quelques mois pour donner de mon temps pour les autres, et vivre une expérience qui me permettrait de prendre du recul sur tout ce que j’avais reçu jusqu’à présent. J’ai ainsi été envoyée à… Jakarta ! Dans un quartier défavorisé où j’ai pu aider les sœurs dans l’école maternelle qu’elles tenaient, et donner des cours d’anglais dans l’école primaire de la paroisse.

Ce volontariat m’a tout d’abord fait vivre dans une nouvelle culture, et accepter le fait d’être l’intrue, de ne pas forcément avoir les codes, et d’accepter d’être une source de curiosité pour les habitants du quartier. Ne parlant pas bien indonésien en arrivant, c’est une expérience de confiance en Dieu et de confiance en l’autre que j’ai tout d’abord vécue !

Une des dimensions que j’ai particulièrement découverte lors de mon volontariat est la place de la foi et de la religion dans un pays où il n’est pas possible de ne pas en avoir. Musulmans ou chrétiens, la journée est rythmée par la prière, et j’ai profondément admiré le dialogue inter-religieux qui régnait. A l’école, les élèves de différentes religions priaient ensemble le matin, bénissaient ensemble le repas ! Une sacrée (c’est le cas de le dire) leçon de vie !

Ce volontariat m’a aussi appris à lâcher-prise…complètement ! Remettre l’église au centre du village, cela va avec mettre une importance plus grande aux rencontres qu’à un quelconque programme. Avoir du retard, ce n’est pas du tout grave, mais ne pas s’être assuré le matin que ses voisins allaient bien, ou ne pas avoir salué et demandé des nouvelles aux passants que l’on croise, ça l’est ! Vivre au jour le jour en plaçant l’humain au centre fut un des principaux enseignements que j’en ai tiré.

Enfin, vivre un volontariat m’a questionnée dans ma relation au temps. Dans une vie où tout va à 100 à l’heure, où l’on râle dès qu’un train est en retard, ou qu’une réponse de mail tarde trop, je pense que le principal choc culturel concernait le temps. Et qu’est-ce que ça fait du bien de prendre son temps !

Lors de ma première semaine de volontariat, une dame a frappé à la porte de la communauté, avec ses 3 enfants, pour demander de les héberger ; elle fuyait à cause des violences que lui faisaient subir son mari. Elle est donc restée plusieurs semaines dans la communauté, et ayant beaucoup de temps libre, je lui ai un jour proposé de faire ensemble des bracelets brésiliens (j’avais apporté du fil de broderie « au cas où »), ne parlant aucune langue en commun, je lui ai montré comment faire et nous avons passé des après-midis ensemble à côté, à tresser nos fils. Nous ne nous parlions pas, mais le dialogue était pourtant bien présent dans nos expressions et nos sourires. Prendre son temps, c’est aussi marcher lentement, dans tous les sens du terme. Une des sœurs de la communauté avait des problèmes de santé, et son médecin lui avait conseillé d’aller marcher tous les jours une heure. Elle m’a donc proposé dès le début de marcher avec elle, et tous les jours nous marchions ainsi ensemble dans le quartier, très lentement, en parlant ou non (elle était congolaise, quelle aubaine !).

Cette dimension du temps, et des journées pas forcément très remplies, m’a ainsi fait réaliser qu’au cours de nos journées, même si l’on avait l’impression d’une certaine routine et parfois même de vide, un tas de choses se passaient ! J’aimais pendant mon volontariat parler des « étoiles filantes » de chaque journée : toutes les petites perles (la fierté d’un enfant qui vient d’apprendre quelque chose, le sourire d’une maman qui voit jouer les siens, la joie qui règne à chaque repas dans la communauté…), qui n’ont l’air d’un rien mais qui sont si importantes, qui montrent que le Seigneur était bien présent et qui ne sont visibles qu’en observant et en prenant son temps.