Au départ, j’avais des attentes bien précises : me mettre au service en découvrant une nouvelle culture, pouvoir me mettre à la même hauteur que les autres et me laisser façonner par leur manière de voir la vie, découvrir la vie religieuse dans le quotidien.
À l’arrivée, j’étais déstabilisée de comprendre qu’on ne prévoit pas les choses pour dans plus de 3 heures, et qu’on ne sait pas de quoi le lendemain sera fait. Cela a demandé un vrai lâcher prise, mais bien précieux et essentiel pour être pleinement disponible à la mission. J’ai ressenti une grande joie et apaisement en découvrant les sœurs avec qui j’allais passer trois mois, qui sont d’une joie et vivacité impressionnante et inspirante.
Concernant le quotidien, j’ai essentiellement trouvé ma joie dans les rencontres faites au fur et à mesure du chemin. Je crois que chaque rencontre a été un apprentissage pour moi : les enfants m’ont appris à redevenir un petit être me laissant guider sans peurs ni méfiance ; les sœurs m’ont appris la joie véritable et simple d’une vie donnée à Dieu ; les habitants rencontrés pendant la Semaine Sainte m’ont ouvert les yeux sur la vraie confiance et espérance en Dieu, qui se vit surtout dans les difficultés finalement ; les mexicains, de manière générale, m’ont touchée par leur capacité à accueillir l’inconnu avec une gratuité et une abondance sans mesure. Les plus pauvres m’ont appris que « la mesure d’aimer, c’est d’aimer sans mesure ».
Je sais que je me suis laissée toucher et rejoindre à plusieurs reprises, ce qui m’a fait un bien fou de pouvoir accueillir ma sensibilité à bras ouverts. La Semaine Sainte en immersion dans un village pauvre et accueillies par les habitants a été pour moi très inspirante. J’ai vu tous ces visages et regards pleins d’Espérance, de foi, de gratitude mêlée à la prière. J’avais en tête toutes leurs tristesses, leurs joies, leurs inquiétudes qu’ils avaient pu nous confier. J’ai eu comme une certitude de l’Amour de Dieu pour nous qui sommes tous ses enfants à la même hauteur les uns des autres.
À travers les choses heureuses mais aussi à travers les choses difficiles, j’ai découvert que l’injustice est partout et qu’il nous est impossible de tout changer. Je pensais avoir compris cela avant de partir, mais la tristesse et la colère m’ont ramenées à ce questionnement. Cette réflexion autour de la justice de Dieu, qui n’est pas celle des Hommes, me pousse à vouloir travailler dans le social afin de mettre ma pierre à l’édifice en ayant conscience de ne pas pouvoir changer le monde, ni les gens d’ailleurs. La vie de prière avec les sœurs et leur spiritualité m’ont aussi appris sur moi. Notamment sur le besoin de silence et recueillement qui m’est difficile mais bien essentiel pour me mettre à l’écoute. J’ai appris à « prier avec mon corps » pour me mettre en meilleure disposition dans la prière et je souhaite approfondir cela. Dieu me parle à travers les autres, à travers les cœurs, mais aussi à travers le corps.
Les personnes que j’ai rencontrées, surtout les sœurs avec qui j’ai vraiment discuté, m’ont aidée à prendre conscience de mes peurs. J’ai à cœur de pouvoir être plus en vérité avec moi-même et de grandir en confiance.
Vivre cette mission avec les sœurs a été une grande chance. Elles ont été d’une bienveillance, d’une attention et d’un accueil merveilleux. Il y avait un vrai air de famille qui vient aussi confirmer la belle œuvre de l’Eglise à travers le monde qui nous réunit. Depuis mon retour, je prends conscience combien l’accompagnement spirituel que j’ai reçu au sein de la communauté m’a été riche. Le fait d’avoir une femme à mon écoute m’a particulièrement apportée.